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Le regard de la société

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Si j'écris ça aujourd'hui c'est que j'ai bien avancé sur ce chemin de la confiance et de l'acceptation. Cela ne veut pas dire que je suis encore 100 % à l'aise quand on me demande ce que je fais dans la vie et que je parle de Dames de la Lune. Alors que je suis réellement très fière de ce projet, très fière de ce que je suis et de permettre aux autres de se reconnecter et de faire la paix avec toutes ces pratiques spirituelles. Mais alors, quel est le problème ?

Une vision altérée de l'image de la sorcière moderne

On nous imagine encore avec de grands chapeaux, des corbeaux sur l'épaule, un chaudron plein de bave de crapaud et des malédictions démoniaques pour nos plus grands ennemis. Pourtant, cette vision est très loin de ce qu'étaient vraiment les femmes du 15ème siècle qu'on accusait d'être des sorcières en Europe. Ces femmes puissantes étaient auparavant très respectées dans leurs communautés car elles étaient souvent des guérisseuses vers qui on pouvait se tourner lorsqu'on tombait malade. Mais alors, pourquoi a-t-on tous cette image de la vielle sorcière méchante ? La chasse aux sorcières nous a bien montré une chose : notre société rejette les femmes indépendantes et savantes. Pour ne pas donner envie à d'autres femmes et jeunes filles de devenir comme elles, quoi de plus efficace que de véhiculer des images déformées de la réalité ?

Des croisements culturels qui ne nous facilitent pas la tâche

Il est parfois bon de rappeler que l'Europe et surtout les "pays riches" ne sont pas le centre du monde et que d'autres croyances et traditions rentrent parfois en opposition avec les nôtres. Ainsi, il existe encore des régions dans le monde, notamment dans certains pays d'Afrique, en Arabie Saoudite, au Népal, en Papouasie Nouvelle-Guinée, où la sorcellerie est souvent associée à la magie noire et où se revendiquer ou soupçonner quelqu'un d'être une sorcière peut parfois vous coûter la vie. Souvenez-vous, il y a quelques années, Pogba avait ainsi été accusé d'avoir fait appel à un marabout pour porter malchance à Kylian Mbappé. Que cette affaire ait été vraie ou fausse, cela révèle bien que nous ne percevons pas la sorcellerie de la même façon partout dans le monde. Pourtant, dans les pays occidentaux, on essaie de moderniser l'image de la sorcière afin de rassurer les non-connaisseurs sur nos intentions. Il faudra du temps pour que la méfiance s'estompe...

Un domaine qui souffre du capitalisme et qui perd du sens

Alors évidemment, les médias et le capitalisme ne sont pas d'une grande aide pour moderniser l'image de la sorcellerie. Ne vous méprenez pas, je suis la première fan des séries, des livres et des films mettant en scène des femmes, et parfois aussi des hommes, aux pouvoirs magiques (peut-être que j'espère au fond qu'il y ait une part de vérité dans tout ça). Mais il faut bien admettre que ces histoires ne me facilitent pas la tâche quand je dois expliquer que Dames de la Lune n'a pas pour objectif de faire croire aux femmes qu'avec une baguette magique, elles pourront régler tous leurs problèmes. Non, ce n'est pas parce que je collectionne des pierres semi-précieuses, que j'ai un carnet que je considère comme mon grimoire, que j'allume beaucoup de bougies quand je pose des intentions que je suis immature ou un peu folle. Chacun.e est libre de s'approprier et de reproduire les pratiques qui font sens pour lui / elle et ce n'est pas parce qu'on le fait qu'on entache l'image de la sorcière moderne.

Mais alors, comment parler de ce sujet avec des non-connaisseurs ?

D'abord, vous n'êtes pas obligé.e.s de parler de quoi que ce soit avec n'importe qui. Oui, évidemment, plus nous serons nombreux.ses à en parler et à casser les images stéréotypées, plus l'inconscient collectif évoluera pour délaisser la peur et faire la place à de la curiosité. Cependant, vous êtes libres de choisir à qui vous essayez d'en parler, et ce que vous dites concrètement. En fonction de mon interlocuteur, je sais si le sujet est impossible à aborder sans me faire dévisager avec désapprobation ou si je peux tâter le terrain en donnant quelques informations. Souvent, si vous sentez que vous pouvez aborder le sujet, vous ferez soit face à des personnes curieuses, avec encore quelques stéréotypes en tête, mais qui seront ouvertes au dialogue. Alors vous n'êtes pas obligé.e.s de tout raconter mais de voir à quel point ce sujet intéresse la personne. Soit, et ça m'arrive de plus en plus souvent, vous commencerez à donner quelques informations et vous verrez que l'enthousiasme de la personne en face de vous grandira au fur et à mesure que vous parlerez. Ce sont souvent des personnes qui sont déjà très ouverte sur le sujet ou qui elles-mêmes baignent déjà dedans. Alors adaptez-vous à votre interlocuteur ! Et ne prêchez pas votre paroisse à tout prix, chacun est libre de croire ce qu'il veut.

La conclusion c'est que, que vous souhaitiez parler de sorcellerie, de design humain, d'astrologie, de cartomancie etc... Vous vous heurterez la plupart du temps à différents stéréotypes et différentes images culturelles de ces domaines. Avec Dames de la Lune, j'ai bien remarqué que tout ça commençait de plus en plus à intéresser les gens mais qu'il fallait que je reste consciente que mes croyances ne sont pas celles des autres et qu'il allait falloir que je sois très patiente et pédagogue pour expliquer mon projet. Cependant, je reste persuadée que toutes ces pratiques ont réellement le pouvoir d'aider beaucoup de personnes et je continuerai d'en parler autour de moi pour en faire profiter le maximum.

Publié le

July 11, 2025

par Manon